dimanche 4 août 2013

Comment l’UE peut-elle en conscience faire confiance au Maroc ?


Vacances saupoudrées d'un peu de canicule et de gros orages en France,  46° C en moyenne tous les jours dans les campements de réfugiés sahraouis, près de Tindouf, 29° au plus frais de la nuit. L'Europe au ralenti des vacances... une nouvelle épreuve de leur résistance pour les Sahraouis.
Et dans cette période où trouver des interlocuteurs dans les institutions relèvent de la coïncidence, l'Union Européenne fait avancer des dossiers très polémiques, en catimini.
Le protocole pour l'accord de pêche entre l'UE et le Maroc, en panne depuis novembre dernier pour de multiples désaccords a été signé entre ces deux larrons ce 24 juillet 2013. Le précèdent accord de pêche 2006-2010, avait été clos et non renouvelé après la décision des eurodéputés en décembre 2011. L'accord coûtait trop cher - 36 millions d'euros par an - au regard de son rapport, il avait des conséquences néfastes sur les réserves halieutiques déjà bien saccagées, en plus d'être illégal, s'il était nécessaire d'ajouter des arguments à celui-ci qui devrait être rédhibitoire.
Les ressources naturelles du Sahara Occidental appartiennent aux Sahraouis, et leur utilisation ne peut en droit international être possible qu'à deux conditions : que cela corresponde à la volonté, la décision du peuple sahraoui, et, que ce soit pour son bénéfice. Payer au Maroc pour pêcher au Sahara Occidental, sans avoir jamais consulté les Sahraouis, c'est donc illégal.
Et pourtant, le nouvel accord coûte plus cher à l'UE, 40 millions d'euros par an, pour moins de permis de pêche - mais toujours principalement pour les Espagnols.
Il semble aussi qu’il ait encore été écrit par des adeptes de la géographie évasive parce que les frontières du Maroc, telles qu'elles sont internationalement reconnues, c’est-à-dire le pays sans la terre que son régime dictatorial occupe partiellement par la force et bien sûr côté mer, ne sont pas indiquées. il n'est pas écrit que la zone d'application de l'accord s'arrête au sud à la latitude -12.885834 N, soit la frontière du Sahara Occidental.
Il se dit ici et là que le texte fait mention d'une obligation de respect des droits humains des Sahraouis. Autant parler clair alors, respecter le premier de ces droits serait pour le Maroc de mettre en place le référendum d'autodétermination. Étant donné que ce referendum doit être mis en place depuis 1991 par ce même Maroc et qu'il ne le fait pas... la petite clause est qualifiable de ce que l'on veut, au choix. On pourrait dire poétiquement que c'est du pipi de chat dans un violon, par exemple. De toute façon, ce n’est toujours pas demander l’avis des Sahraouis, ni, ce qui serait plus simple, leur payer leur dû pour pêcher selon leurs règles écologiques dans leurs eaux.
Autre aspect du paradoxe, le 16 juillet, cette même Union de nos pays européens annonçait que « tout organisme israélien basé au-delà de la Ligne Verte sera inéligible pour les programmes de coopération avec l’UE à partir de 2014. Les futurs accords UE-Israël contiendront également une clause spécifique qui exclura les territoires palestiniens occupés. » Israël donc, mais pas le Maroc. Et la raison de cette différence de traitement ? C’est une vraie question.
Soyons sérieux encore. Le Sahara Occidental est à décoloniser depuis 1963. Et depuis 1991, face à la violence, le peuple sahraoui a choisi la lutte pacifique pour faire respecter ses droits.
Les faits bruts et sans concession sont là : les militants Sahraouis qui ont protesté pacifiquement notamment contre cet accord de pêche UE - Maroc ont été condamnés par le tribunal militaire marocain à des peines abjectes, de 20 ans de réclusion à la perpétuité. Ces civils sont les prisonniers politiques du groupe de Gdaim Izik, ils ont tous été frappés et torturés.
Le Maroc vient de décorer un américain lobbyiste pro-israélien, dont l'agence AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) travaille à persuader les dirigeants des USA du bien fondé de la mainmise du Maroc sur le Sahara Occidental.  À ce niveau de collusion avec l’Israël colonisateur, aucun signe ne permet d'imaginer une quelconque clairvoyance ou honnêteté éthique de la part du Maroc. Renouvellement de la Minurso, accords UE-Maroc sur la pêche ou l’agriculture, ALEAC, bon voisinage et autres ne sont que des trahisons du droit et des Sahraouis, l’évidence du dédain du royaume marocain pour le droit international.
Et s'il fallait une autre preuve par l'ignoble du caractère moyenâgeux et voyou de ce même État, le roi du Maroc vient de gracier un pédophile espagnol, le tortionnaire d'enfant de 2 à 14 ans qui n’avait purgé que 18 mois sur les 30 ans de sa peine. De la gronde populaire face à cet acte qui sature la conscience, le roi fait une démonstration de son mépris, matraque le peuple marocain, ne s’excuse pas, et ne s’assure pas que la punition de cet homme sera effectuée en Espagne où il est déjà sûrement bien caché…
APSO, le 4 août 2013