samedi 4 février 2012

Sahraouis et Marocains, un même oppresseur soutenu par la France

La France politique soutient les lointains peuples libyens, syriens à grand renfort de déclarations.
Mais la France politique est sourde aux souffrances des Sahraouis, à 2000 km.

Alors que les eurodéputés ont reconnu la légitimité des revendications juridiques des Sahraouis sur leur terre et ses ressources naturelles, par le rejet de la prolongation de l'accord de pêche UE-Maroc, la France risque de recommencer la même erreur de positionnement envers les peuples Sahraoui et Marocain que lors du soulèvement populaire tunisien. Même erreur qui entraînera la même conséquence : la mésestime de la France par les Peuples en lutte.

La France ignore les Sahraouis, et concourt à les détruire par une partialité complice. Cette ignorance maintes fois décriée n'est paradoxalement pas nouvelle, et persiste malgré les massifs soulèvements sahraouis, comme la manifestation de Gdaim Izik d’octobre et novembre 2010.

Mais la France ignore aussi le formidable mouvement marocain du 20 février, ses morts violentes et immolations de désespoir. Ce mouvement du peuple marocain parviendra un jour à se débarrasser du régime féodal et dictatorial en place, ce roi soutenu par l'hexagone pour des intérêts néocoloniaux évidents. Le peuple jettera hors de chez lui tous les profiteurs de main d'œuvre pas cher et autres cautionneurs d'inégalités et de corruption massive, de détournement de l'argent public national et international.

Les tortures physiques et psychologiques sont quotidiennes au Sahara Occidental, ou sur les prisonniers politiques sahraouis incarcérés au Maroc.
Le colonisateur marocain pratique les petites mesquineries domestiques comme l’interdiction pour les Sahraouis de prénommer leurs enfants de prénoms vénérés comme Aminatou ou Elouali, l’interdiction de parler hassanya à l’école, ou pour les hommes de porter des chèches ou des vêtements kaki.
Il y a aussi les pratiques inhumaines caractérisées, quand 23 civils sahraouis sont emprisonnés et torturés depuis plus d’un an en attente d’un procès devant la cour militaire. Ils ont fait partie du groupe des négociateurs avec les autorités marocaines lors de la manifestation de Gdaim Izik, ou ils ont transmis des informations sur ce qui se passait pendant cette période d’intense ébullition qui s’est soldée par une démonstration de la violence de l’occupation marocaine. Discuter démocratiquement, communiquer les informations aux familles et amis est donc aussi interdit.

Le peuple marocain est aux prises avec le même oppresseur qui ne renouvelle pas ses méthodes, sus les yeux d’une communauté internationale sourde à ses appels à l’aide. Des jeunes Marocains sont eux aussi actuellement emprisonnés arbitrairement, torturés, condamnés à mort, tués … le couvre-feu a été décrété à Taza. Tout cela avec ce qui ressemble à la complicité de la cécité de la France, meilleure amie du Roi, meilleure ennemie des peuples.

Il est à craindre dans le désordre et l'absence de clairvoyance politique actuelle, que la France joue à nouveau un rôle aberrant lorsqu'il s'agira pour l'ONU en avril de renouveler le mandat de la Minurso.
Cette mission onusienne chargée de surveiller le cessez-le-feu entre le Maroc et le Polisario, front armé de libération du Sahara Occidental, n'a pas pour mandat de surveiller tout ce qui concerne les droits humains et leurs violations dans cette situation larvée de "ni paix, ni guerre".
En avril, les pays du monde se prononceront sur la prolongation de la présence de la Minurso, et sur la définition de son rôle. Il est à souhaiter que la France, membre permanent du conseil de sécurité, et membre du groupe de « amis » du Sahara Occidental ne mettra pas à nouveau sa dignité de pays des droits de l’homme en berne, au point de refuser l'adjonction d’une mandat surveillance des droits humains à la mission.

La bataille de la campagne présidentielle française ne devra pas s’affranchir de ce point incontournable qu’est notre responsabilité dans la décolonisation inachevée du Sahara Occidental, ni occulter les conséquences éthique et économique que cela a jusque dans nos foyers.

APSO, le 4 février 2012